#47 - La Fête des morts rattrapée par la réalité
Hommage aux morts malgré tout, calme précaire après une réplique populaire bwa kale à Port-au-Prince, Watson-G de retour au sommet et rentrée thèatrale à Port-au-Prince
Le mois de novembre, dédié à la commémoration des morts dans la tradition vodou, a été célébré à travers tout le pays. Les rues de la capitale ont été le théâtre ces dernières semaines d’événements tout aussi macabres, puis d’une riposte sévère des mouvements d’autodéfense bwa kale. Tout ça et bien plus dans l’édition #47 de HAÏTI MAGAZINE par DÈYÈ MÒN ENFO, collectif de journalistes et de professionnel·les des médias basé·es en Haïti.
Mot de la rédaction : Les défis actuels dans la capitale haïtienne touchent l’ensemble de la population, y compris l’équipe de DÈYÈ MÒN ENFO. En souscrivant à un abonnement payant, vous soutenez la parution régulière de cette infolettre et le travail acharné de notre équipe.
Sommaire #47
Hommage aux morts, malgré tout
La fête des morts, ou fête de Gede, lwa vodou des ancêtres, a marqué le début du mois de novembre, période déjà difficile de cette année éprouvante pour Port-au-Prince. Malgré tout, les vodouisants ont honoré les esprits des aïeux en prenant part aux cérémonies des 1er et 2 novembre.
Les rituels comprennent souvent des visites de lwa dans les corps de certains pratiquants. Souvent dévoués à une divinité en particulier, ces derniers sont susceptibles de vivre cette expérience spirituelle unique.
Chaque interaction est marquée par des salutations spécifiques, renforçant le lien entre les vivants et les esprits.
La fête des morts est avant tout un moment de recueillement spirituel. Elle permet aux vodouisants de se souvenir de leurs proches disparus tout en rendant hommage aux divinités majeures du panthéon vodou.
Des offrandes, principalement sous forme de rhum et d’alcool, sont présentées en guise de respect et de dévotion.
Monvelyno Alexis vous invite à Gede anba Tonèl - Le Nouvelliste
Fête des Morts ou bien fête des vivants ? - Le Nouvelliste
Bwa kale à Port-au-Prince : réplique populaire, calme précaire
Après 10 jours d’intenses attaques (11-20 novembre), une accalmie relative s’est installée à Port-au-Prince, ce qui a permis l’ouverture de certaines banques et commerces. Cependant, la majorité des écoles sont demeurées fermées, sauf dans les communes voisines de Delmas et Pétion-Ville.
Ce calme précaire résulte d’une intervention policière ciblée contre le groupe armé dirigé par Jimmy Chérizier (alias Barbecue) au bas de Delmas depuis une semaine
Cette opération a été précédée d’exécutions massives de présumés bandits les 20 et 21 novembre, attribuées à la police et aux groupes d’autodéfense.
Selon les chiffres officiels, au moins 28 personnes ont été tuées, bien que certaines sources évoquent près d’une centaine de morts.
Dans la foulée de ces attaques armées, le quartier Solino, en conflit depuis des mois, est finalement tombé aux mains de la coalition de groupes armés qui contrôle déjà la majeure partie de la capitale. Les quartiers environnants sont maintenant en proie à la panique alors que la partie nord de la route de Nazon n’est maintenant pratiquée que par les forces de l’ordre. Tout près, le célèbre carrefour Aéroport, où les activités avaient pourtant repris, se retrouve à nouveau déserté.
Selon l’OIM, plus de 40 000 personnes ont dû quitter leur demeure dans la région de la capitale haïtienne pendant ces attaques, qui ont duré 10 jours. Il s’agirait du plus important déplacement massif de population jamais enregistré par l’organisation à Port-au-Prince.
Une vingtaine de nouveaux camps de déplacés ont été établis, y compris dans les locaux de l’Office de la protection du citoyen (OPC). Parallèlement, plusieurs camps situés aux alentours de Solino, abritant déjà des déplacés, se sont vidés en raison des nouvelles violences.
À l’instar des événements survenus à Carrefour-Feuilles il y a un an, les rues de Port-au-Prince ont été envahies tout au long de la seconde moitié du mois de novembre par des familles transportant leurs effets personnels, à la recherche d’un nouveau refuge.
La population opte pour le « bwa kale » en attendant des réponses de l'État - Le National
Ayiti : Plis Pase yon Ventèn Prezime Bandi Mouri Anba Men Popilasyon an - VOA
Lapolis ak popilasyon an bare epi touye plizyè 10zèn bandi ki t ap eseye pran kontwòl Petyon vil - Centre à la UNE
Haïti-Violence des gangs : En deux semaines, 41 mille personnes contraintes de fuir à Port-au-Prince - AlterPresse
Solino sous le contrôle des gangs, panique à Port-au-Prince - Le Nouvelliste
Témoignages depuis la Vallée de Bourdon - Ayibopost
Pétion-Ville visée, au moins 28 présumés bandits tués - Le Nouvelliste
Vidéoclip de la semaine
Bad Life - Watson-G
Watson-G revient en force une nouvelle fois cette année avec Bad Life, un morceau poignant qui dépeint avec sincérité la malhonnêteté et les défis de la vie en Haïti.
À travers ses paroles touchantes, l’artiste célèbre le courage et la persévérance face à une crise nationale profonde. Ce vidéoclip résonne d’ailleurs avec une population en quête de changement.
Le théâtre fait sa rentrée à Port-au-Prince
Malgré ce contexte difficile, la saison théâtrale bat son plein à Port-au-Prince : les deux plus grands rendez-vous de l’année se succèdent. Le festival Quatre chemins a ouvert ses portes lundi dernier, offrant une programmation riche et variée.
Parmi les moments forts, après avoir été jouée en France, la pièce Aimer en stéréo de Gaëlle Bien-Aimé a entamé des représentations le 24 novembre dernier. Cette œuvre explore le deuil sous ses aspects figurés et littéraux et réunit sur scène la chanteuse Charline Jean Gilles et la danseuse Amandine Saint-Martin, en plus de Gaëlle Bien-Aimé.
En parallèle, le festival En lisant a lancé une série de rencontres hebdomadaires le 23 novembre en prélude à sa programmation officielle, prévue pour décembre. Organisés dans les locaux du festival, ces événements offrent au public un espace de dialogue avec des auteurs du théâtre et permettent d’échanger autour de leurs œuvres.
Le Festival Quatre Chemins officiellement lancé - Le Nouvelliste
Festival Quatre Chemins, un espace de réflexion et de créations innovantes - Le Nouvelliste
L’équipe DÈYÈ MÒN ENFO
Photo-journalistes : Francillon Laguerre, Sonson Thelusma, Andoo Lafond, Milot Andris, Patrick Payin
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Collaboration spéciale : Françoise Ponticq, Stéphanie Tourillon-Gingras, Mateo Fortin Lubin
Partenaires médiatiques : Centre à la Une, J-COM, Nord-Est Info
Partenaire institutionnel : Kay Fanm, Mouka.ht
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