#40 - Jacmel en fête pour le drapeau
Le bicolore rayonne dans le Sud-Est, du théâtre pour la paix à Port-au-Prince qui connait un petit répit et Watson-G plaide sa cause
Le drapeau haïtien, emblème de la liberté, a été célébré avec ferveur à travers tout le pays le 18 mai dernier. À Jacmel, comme dans de nombreuses autres villes, des élèves ont défilé dans les rues le matin, brandissant fièrement leurs drapeaux.
Tout ça et bien plus dans l’édition #40 de HAÏTI MAGAZINE par DÈYÈ MÒN ENFO, collectif de journalistes et de professionnel·les des médias basé·es en Haïti.
Mot de la rédaction : dans les dernières semaines, une partie de l’équipe de Dèyè Mòn Enfo est partie dans les montagnes derrière Port-au-Prince pour visiter le département du Sud-Est. Toute une aventure dont on vous présentera les coulisses en photos dans notre prochaine édition.
Etienne Côté-Paluck
Sommaire
Le bicolore rayonne dans le Sud-Est
Théâtre pour la paix : les enfants en scène avec le BIT-Haïti
Vidéoclip de la semaine : Nou tout ki lakoz par Watson-G
‘The gangs are in charge’: Haiti’s outgunned police fight a desperate rear defence
Petit répit à Port-au-Prince
Revues de presse de la semaine
Le bicolore rayonne dans le Sud-Est
Le bicolore haïtien est plus qu’un simple drapeau. À l’aube de l’indépendance, les chefs de la révolution haïtienne ont adopté ce symbole, en congrès, le 18 mai 1803. Depuis, il est source de fierté et l’ultime symbole de la liberté.
Chaque année, des jeunes envahissent les rues en uniforme. Des parades sont organisées, souvent accompagnées de fanfares de cuivres ou de haut-parleurs installés sur des camions.
Encore cette année, la marche a été menée par les élèves du Lycée public de Jacmel. Certains d’entre eux en ont profité pour réclamer, à travers entre autres des entrevues avec les journalistes, plus de professeurs ainsi de meilleures conditions, espérant aussi connaître une ambiance plus festive l’année prochaine.
En soirée, partout au pays et dans la région de Jacmel, des gens se réunissaient pour partager un verre, en ce jour qui est également congé national.
La fête du drapeau commémorée à Cap-Haïtien - Le National
Kominote Ayisyen Atlanta Selebre Fèt Drapo - VOA Nouvel
La province a bien fêté le drapeau - Le Nouvelliste
18 mai: les jeunes ont sauvé la fête du drapeau aux Gonaïves - Le Nouvelliste
Théâtre pour la paix : les enfants en scène avec le BIT-Haïti
La Brigade d’intervention théâtrale (BIT-Haïti) a présenté vendredi dernier le spectacle de clôture d’un atelier de théâtre avec 11 adolescent·es de 11 à 13 ans, habitant des camps de personnes déplacées à Port-au-Prince. Ils ont créé et joué une série de scènes touchantes sur leur réalité.
La rare présence de l’État et les attaques des groupes armés à Carrefour-Feuilles, d’où proviennent la plupart d’entre eux et elles, ont laissé des marques profondes dans leur esprit, tout comme les dures conditions de vie des camps. Ces adolescent·es logent en effet dans deux institutions publiques transformées pour les loger : le Lycée Marie-Jeanne et l’École nationale Colbert Lochard.
Ils ont fréquenté l’école le matin et rejoint leur atelier l’après-midi. Ces ateliers étaient dirigés par les comédiennes et metteuses en scène Jenny Cadet et Stéphanie François, qui est aussi psychoéducatrice.
« Beaucoup d’enfants ont pleuré durant le spectacle, car leurs parents pleuraient en les voyant », raconte Eliezer Guérismé, directeur artistique de la Brigade d’intervention théâtrale - Haïti, à Dèyè Mòn Enfo.
Forced to rebuild a life at 12, a Haitian girl joins thousands seeking an escape from gang violence - AP News
Rencontre avec Angy Desravines autour du lancement du projet « Teyat Kwape Vyolans » - Le Nouvelliste
Vidéoclip de la semaine
Nou tout ki lakoz - Watson-G
Les chansons réflexives de Watson-G connaissent un grand succès en ces temps difficiles. Sa nouvelle pièce « Nou tout se lakoz » (Nous sommes tous responsables) est un plaidoyer adressé aux policiers.
Dans cette chanson, sur un air mélancolique, l’artiste raconte qu’il se trouve pris entre deux feux. Il se considère comme victime à la fois des bandits et des policiers, et se demande où sont ces derniers quand les gens ont besoin d’aide.
« Est-ce que c’est parce qu’il manque de formation à l’Académie [de police], que les bandits nous [la population] ciblent toujours en premier ? », s’interroge-t-il.
Les groupes armés organisent parfois des concerts dans les territoires qu’ils contrôlent. Les DJ, rappeurs et chanteurs adulés par la jeunesse y sont souvent invités. Refuser une telle invitation pourrait mettre leur vie ou celle de leur famille en danger, justifient les musiciens concernés.
« Les bandits me menacent, la police me menace », explique Watson-G dans la chanson.
Watson-G aurait en effet joué en concert le 18 mai, lors de la fête du drapeau à Canaan, fief du groupe armé dirigé par celui qu’on surnomme Jeff, en banlieue nord. Une image de ce concert a circulé chez certains policiers, selon une vidéo en ligne qui mettait le chanteur en garde. Quelques jours plus tard, cette chanson a été publiée sur les comptes officiels de l’artiste, suivie quelques heures après par le vidéoclip.
Au moins deux rappeurs, H-Taliban et ASAP-Jesus, cités dans la chanson, sont décédés, cette année, en revenant d’un concert. Plusieurs animateurs de radio célèbres ont même laissé entendre qu’un policier en civil pourrait être impliqué dans le meurtre de H-Talibam.
« Je vais abandonner. Je vais retourner à mon plan A, je ne prendrai pas les armes, ou bien je vais quitter le pays. »
Extrait de Nou tout ki lakoz
Sorti vendredi dernier, le vidéoclip a déjà été visionné près d’un demi-million de fois sur YouTube.
Chronique à L’effet Pogonat sur ICI Musique la semaine dernière.
‘The gangs are in charge’: Haiti’s outgunned police fight a desperate rear defence
With violent insurrectionists in charge of 80% of the capital, Haiti’s police cling to their mission in the face of deadly odds
Etienne Côté-Paluck in Port-au-Prince and Tom Phillips
Petit répit à Port-au-Prince
Alors que l’arrivée de la force étrangère en Haïti semble de plus en plus inévitable, les bandes armées de la capitale ont commencé à détruire des infrastructures policières des territoires qu’elles contrôlent. Pendant ce temps, les quartiers encore libres vivent un moment de répit, à l’exception de Solino et de ses environs, ainsi que de Gressier. Des écoles ont rouvert leurs portes et certaines fêtes ont été organisées dans certains quartiers de Port-au-Prince à l’occasion du 18 mai.
La semaine dernière, dans la partie sud de la ville, toujours sous le contrôle de groupes armés, le commissariat de Martissant a été en grande partie démoli, selon des vidéos diffusées en ligne. Un quai a aussi été construit devant le quartier Village de Dieu, selon un reportage du magazine Ayibopost, à l’aide d’un drone qui leur permet d’observer certaines zones hors du contrôle de la police.
Exclusif | Izo construit un wharf en attente des Kenyans - Ayibopost
Destruction du Sous-commissariat de Martissant 1 par des gangs armés - Loop Haiti
Haïti - FLASH : Des gangs inquiets de l’arrivée de la force multinationale - HaitiLibre.com
Dans la même veine, ces derniers jours, en banlieue nord, la prison civile de Croix-des-Bouquets, la deuxième plus importante du genre dans la région de Port-au-Prince, est passée sous une pelle mécanique. Construite par le gouvernement canadien, elle avait été inaugurée en octobre 2012. Elle située sur un territoire tombé aux mains d’un groupe armé en mars dernier, tout comme le commissariat de Croix-des-Bouquets, une ville maintenant presque entièrement située hors du contrôle de l’État haïtien.
C’était donc surprenant d’apprendre cette semaine que deux citoyens américains y séjournaient encore. Ils ont malheureusement été assassinés de même que le directeur local de leur organisation fondée par des parents de ce couple évangéliste.
Le port commercial et l’Autorité portuaire nationale (APN) ont repris leurs activités derrière de grandes barrières, surveillées par des hommes armés jusqu’aux dents. Les entrées et sorties des camions-remorques restent périlleuses. Ils sont régulièrement détournés. Plusieurs groupes armés différents participent maintenant à ces opérations.
L’équipe DÈYÈ MÒN ENFO
Photo-journalistes : Francillon Laguerre, Sonson Thelusma, Andoo Lafond, Milot Andris, Patrick Payin
Comité éditorial : Etienne Côté-Paluck, Jean Elie Fortiné, Jean-Paul Saint-Fleur
Stagiaires : Wilky Andris, Donley Jean Simon
Collaboration spéciale : Stéphanie Tourillon-Gingras, Carlin Trezil, Mateo Fortin Lubin
Partenaires médiatiques : Centre à la Une, J-COM, Nord-Est Info
Partenaire institutionnel : Kay Fanm, Mouka.ht
À quoi sert votre contribution ?
Votre appui mensuel permet de financer la production et de rétribuer les collaborateurs de DÈYÈ MÒN ENFO dans les communes de Cité-Soleil, de Port-au-Prince et de Cayes-Jacmel. De plus, des dons sont régulièrement distribués pour frais médicaux, frais scolaires et autres urgences auprès de ces communautés.
Revues de presse de la semaine
Revue de presse - Culture et patrimoine
Legacy in Continuum Exhibition, une exposition pour célébrer les 50 ans du « Mouvement St Soleil » - Le Nouvelliste
Benita Jacques et son film sont au festival de Cannes - Le Nouvelliste
Vie, splendeur & solitude de Samuel Mésène - Le Nouvelliste
Lancement de la 100e édition de Livres en liberté aux Cayes - Le Nouvelliste
Culture : 30e anniversaire de la mort de Master Dji, figure emblématique du rap créole en Haïti - AlterPresse
Musique: « We are ready », persiste et signe Djapot - Le Nouvelliste
Sur les rythmes du rara-tech, découvrez Kolo et son EP « Clever Child » - Le Nouvelliste
Recueil de témoignages des artistes sur les 80 ans de traversée du Centre d'Art - Le Nouvelliste
Fwa Liv nan Little Haiti Mete Literati Ayisyen an Valè - VOA Nouvel
La dictée populaire : un événement culturel et éducatif majeur à Ouanaminthe - Le National
Gaëlle Bien-Aimé fait carton plein à Montréal et à Québec - Le Nouvelliste
Coutechève Lavoie Aupont, réapprendre à voir le vodou - Le Nouvelliste
AlterPresse | Louis-Philippe Dalembert reçoit le premier Goncourt de la poésie décerné à un écrivain d’Haïti - AlterPresse
Le Little Haiti Cultural Complex s’enflamme pour Tabou Combo et Mizik Mizik ! - Le Nouvelliste
Rutshelle Guillaume XXL à Montréal - Le Nouvelliste
Kanaval : d’Haïti au Québec, le déracinement à hauteur d’enfant - Radio-Canada
Ti Boule, humoriste et créateur de contenu ambitieux - Le Nouvelliste
Martine Alexandre, une nouvelle voix féminine du Compas direct - Le Nouvelliste
Plezi Rara Challenge : les gagnants dévoilés, Lotomobil fait des heureux - Le Nouvelliste
«Apachidiz Volume 1», le premier bijou d'AWM - Le Nouvelliste
Pyepoudre pour la promotion de l'art et de l'artisanat - Le Nouvelliste
Kanaval : d’Haïti au Québec, le déracinement à hauteur d’enfant - Radio-Canada
Continuez votre lecture avec un essai gratuit de 7 jours
Abonnez-vous à HAÏTI MAGAZINE par DÈYÈ MÒN ENFO pour continuer à lire ce post et obtenir 7 jours d'accès gratuit aux archives complètes des posts.