#39 - Entre terre et mer : les splendeurs de Labadie
Les beautés de la mer au Cap-Haïtien, vers la fin de la construction à Ouanaminthe, Ekip et Bedjine en duo, regard féministe sur la LFAS et reprise des patrouilles policières à Port-au-Prince
À l'horizon, où le bleu du ciel fusionne avec celui de la mer, les plages scintillantes de Labadie et Cormier déroulent leurs tapis de sable fin. Dans ce décor paradisiaque, voici quelques moments privilégiés avec certains des derniers touristes à fouler ces rivages.
Tout ça et bien plus dans l’édition #39 de HAÏTI MAGAZINE par DÈYÈ MÒN ENFO, collectif de journalistes et de professionnel·les des médias basé·es en Haïti.
Mot de la rédaction : Le travail à Port-au-Prince est toujours complexe alors que plusieurs membres de l’équipe de Dèyè Mòn Enfo ont du quitter leur demeure dans les dernières semaines. Malgré tout, notre passion nous guide. Bonne lecture!
Étienne Côté-Paluck
Sommaire #39
Un dimanche à Labadie : les beautés de la mer au Cap-Haïtien
Vers la fin de la construction du canal à Ouanaminthe
Vidéoclip de la semaine : Separasyon par Ekip et Bedjin
Conférence Mouka : Lutte des Haïtiennes au XXe siècle
Reprise des patrouilles policières à l’est du Champs-de-Mars
Installation du Conseil de sécurité : retour des négociations de couloir
Revues de presse de la semaine
Un dimanche à Labadie : les beautés de la mer au Cap-Haïtien
Les magnifiques plages d’Haïti sont pour la plupart abandonnées par les visiteurs depuis le mois de mars dernier. À l’entrée de la baie de Labadie, des touristes américains ont visité en février pour la dernière fois le centre de villégiature de Labadee, où des milliers de personnes s'arrêtent habituellement chaque semaine. Royal Caribbean vient d’annoncer la suspension des escales de ses croisières jusqu’à l’automne, en raison de la crise politique qui secoue le pays.
Au fond de la baie, passé le centre de villégiature réservé aux croisiéristes, se situe le village de Labadie, inaccessible en véhicule motorisé. Des pirogues colorées permettent cependant d’y accéder par la mer. La majorité des employés haïtiens du centre Labadee, qui comprend une tyrolienne, un petit train et de nombreux jeux aquatiques, habitent ce village. La plupart se retrouvent donc sans emploi, bien que jouissant d’une indemnité mensuelle.
Ce petit village de pêcheurs longe une bonne partie de la baie et offre aussi une succession de restaurants, de clubs et d’hôtels de bord de mer.
« Quand tu arrives ici, ta respiration ralentit », explique un des guides originaires du village. « Ce sont ces endroits qu’on ne voit jamais dans les images diffusées à l’étranger, mais c’est aussi ça, Haïti. »
Au début de la baie, dans le centre pour les croisiéristes possède plusieurs motomarines et des jeux d’eau gonflables. Les croisiéristes ont aussi habituellement la possibilité de faire un tour de bateau jusqu’à l’Île-à-Rat avec un guide haïtien qui explique l’importance de la région dans l’histoire du pays. Des pirates les plus célèbres en passant par la lutte contre les esclavagistes français, ces côtes, où les montagnes plongent dans la mer, ont vu défiler de nombreux moments marquants d’Haïti.
Contrairement à Labadie, le village voisin de Cormier est facilement accessible par la route. En plus de quelques résidences secondaires, la plage héberge un complexe hôtelier dotée d’un bar en bord de mer sous une grande choukoun (construction sans mur avec un toit).
Les dimanche après-midis, de nombreux villageois et visiteurs du Cap-Haïtien, situé à une dizaine de minutes de route, profitent aussi des plages. De nombreux marchands de lambi circulent et quelques kiosques offrent aussi du poisson frit ou des boissons fraîches.
Vers la fin de la construction du canal à Ouanaminthe
Les ouvriers du Canal de Ouanaminthe, aussi surnommé le Canal de l’espoir, se préparent à couler une dalle de béton sur le pont qui vient d’être construit au-dessus de la rivière Trop-Plein. C’est là que l’eau de ce canal en construction se déverse pour alimenter par la suite des terrains agricoles en aval. Ce cours d’eau est régulièrement asséché.
Après la construction du pont, il ne restera qu’une route agricole à terminer avant l’inauguration officielle du canal, a souligné vendredi à DÈYÈ MÒN ENFO un membre du comité de gestion du canal.
Vidéoclip de la semaine
Separasyon - Ekip ft Bedjine
En ces temps troubles, il n’y a rien de plus réconfortant qu’une bonne chanson compas. Une histoire d’amour tragique, des voix langoureuses et un solo de clavier imparable : les meilleurs ingrédients sont réunis dans ce duo entre le chanteur Shabba du célèbre groupe compas Ekip, et l’une des reines du genre, Bedjine. En cinq jours, le vidéoclip de la chanson Separasyon a déjà atteint près d’un demi-million de vues sur YouTube.
« Ce n’est pas parce qu’on n’est plus ensemble que l’amour que j’ai pour toi va s’effacer », raconte en chœur le refrain.
« Je suis peiné, en chagrin, baby, je passe un moment très difficile », chante Shabba en conclusion à la fin de la pièce. À quoi Bedjine répond sur la même mélodie : « Je suis dans la joie, le cœur content, je suis tellement bien où je suis maintenant. »
Conférence MOUKA : Lutte des Haïtiennes au XXe siècle
La sociologue et féministe Sabine Lamour a abordé la question de la lutte des Haïtiennes au XXe siècle lors d’une conférence MOUKA mettant en lumière, entre autres, l’apport majeur de la Ligue féminine d’action sociale en Haïti et ailleurs. Cet événement est organisé par l’ORÉGAND de l’Université du Québec en Outaouais, en partenariat, entre autres, avec l’Observatoire francophone sur le développement inclusif sur le genre (OFDIG), DÈYÈ MÒN ENFO et MwèmTV.
Reprise des patrouilles policières à l’est du Champs-de-Mars
Graduellement, à l’est du Champs-de-Mars, de plus en plus de patrouilles policières ont été remarquées ces derniers jours, tandis que les attaques de groupes armés sont moins intenses au centre de la ville. Beaucoup de policiers s’étaient repliés dans leurs commissariats ou dans les bureaux de leurs services respectifs depuis deux mois afin de se protéger de ces attaques.
Tout l’ouest du Champs-de-Mars, dont le centre-ville, reste toujours à l’abandon. Les rues sont vides et une grande partie des commerces ont été pillés ou saccagés depuis le début de mars.
Au bout de la rue principale historique du centre-ville, la plus grande station de bus du pays, Portail Léogane, est encore déserte. Depuis quelques semaines, ses chauffeurs se rassemblent sur la rue Lalue (John-Brown) ou au carrefour Tifou, où on retrouve maintenant un blindé de la police positionné en permanence.
Certains chauffeurs plus téméraires, en particulier pour Fontamara ou Carrefour, se rassemblent au bas de la première avenue Bolos, à l’entrée sud du centre-ville.
Au nord-est de la ville, les quartiers Solino et Delmas 24 ont été attaqués avec force mercredi soir dernier. Des dizaines d’habitants ont été aperçus, valises en main, tentant de fuir la zone pendant la nuit, en particulier des femmes et des enfants.
Par contre, des célébrations ont aussi eu lieu dans le quartier Debussy la semaine précédente pour célébrer le premier anniversaire du mouvement Bwa Kale. Les riverains du quartier avaient alors, en avril 2023. repoussé avec succès une attaque d’un groupe criminel armé, initiant ainsi un mouvement d’autodéfense dans les quartiers libres ainsi que d’autres régions du pays.
En milieu de semaine, la police a installé des chars blindés en permanence à certains carrefours stratégiques de la ville. Ceux-ci ont la réputation de repousser les groupes armés, puisque s’y retrouvent généralement un policier bien protégé avec une arme de gros calibre. Ainsi, depuis quelques jours, un de ces véhicules a été positionné au Carrefour Drouillard, près de l’aéroport, et un autre au Carrefour Vincent. La police a également libéré l’accès au terminal pétrolier de Varreux, le plus important du pays, inaccessible pendant plus de 10 jours.
Le nouveau conflit entre les hommes armés de La Saline et ceux de Wharf Jérémie, qui contrôlent toujours le Lycée de La Saline et le quartier Makawon de La Saline, a quelque peu diminué ces derniers jours. Un char blindé de la police aurait également été placé à proximité de l’entrée du port commercial de Port-au-Prince (CPS) pour en assurer la sécurité.
Installation du Conseil de sécurité : retour des négociations de couloir
C’est avec faste et grande mobilisation de la police et de l’armée nationales que le Conseil présidentiel de transition a été installé à Port-au-Prince le 25 avril dernier. La première partie de la cérémonie n’avait pas été annoncée et s’est déroulée sur le terrain du palais présidentiel au Champs-de-Mars, aux alentours de 8h00 du matin. La fanfare présidentielle a joué l’hymne national et, quelques minutes plus tard, un long cortège de véhicules et de policiers a rapidement quitté les lieux au son des balles de groupes armés, qui s’étaient rendus compte de la supercherie, car ils se battaient depuis des semaines pour envahir ce lieu.
La deuxième partie de la cérémonie s’est déroulée avec quelques dizaines d’invités en habits de gala. Canapés et champagne ont été servis pendant que les véhicules utilitaires sport blindés encombraient le stationnement. Le nouvel ambassadeur des États-Unis, celui du Canada et celui de la France étaient présents, de même que des représentants du bureau des Nations unies en Haïti.
Depuis la semaine dernière, par contre, la bonne entente entre les sept membres votants du conseil semble révolue. Quatre d’entre eux ont négocié en catimini une entente pour contrôler tous les futurs votes du conseil. Les trois autres menacent maintenant de se retirer. Les négociations pour l’attribution des différents ministères du cabinet du prochain gouvernement semblent être au cœur des échanges. Ceci présage le retour des pratiques politiques habituelles et des négociations de couloir pour l’attribution de projets et de « chantiers » très lucratifs pour les individus impliqués.
L’équipe DÈYÈ MÒN ENFO
Photo-journalistes : Francillon Laguerre, Sonson Thelusma, Andoo Lafond, Milot Andris, Patrick Payin
Comité éditorial : Etienne Côté-Paluck, Jean Elie Fortiné, Jean-Paul Saint-Fleur
Stagiaires : Wilky Andris, Donley Jean Simon
Collaboration spéciale : Stéphanie Tourillon-Gingras, Siffroy Clarens, Molière Adely, Eliezer Guérismé, Mateo Fortin Lubin
Partenaires médiatiques : Centre à la Une, J-COM, Nord-Est Info
Partenaires institutionnels : Kay Fanm, Mouka.ht
Un merci particulier au Fonds québécois pour le journalisme international (FQJI) pour son appui.
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Revues de presse de la semaine
Revue de presse - Culture et patrimoine
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Le professeur Esaü Jean Baptiste expose les causes de nos malheurs dans : « Haïti, le pays mal aimé » - Le National
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Un tournoi d'échecs à l'occasion de la fête patronale de Saint-Marc - Le Nouvelliste
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