HAÏTI MAGAZINE par DÈYÈ MÒN ENFO

HAÏTI MAGAZINE par DÈYÈ MÒN ENFO

Share this post

HAÏTI MAGAZINE par DÈYÈ MÒN ENFO
HAÏTI MAGAZINE par DÈYÈ MÒN ENFO
#36 - Jacmel : un carnaval sur fond de grogne populaire
Copier le lien
Facebook
Email
Notes
Plus

#36 - Jacmel : un carnaval sur fond de grogne populaire

Toute l'actualité haïtienne de la semaine : Carnaval de Jacmel, Tikawo Trafik, le canal envers et contre tout, nouveau territoire « perdu » à Carrefour ainsi que Cité-Soleil et La Saline attaqués

Avatar de Jean Elie FORTINE
Avatar de Etienne COTE-PALUCK
Avatar de Jean-Paul SAINT FLEUR
Jean Elie FORTINE
,
Etienne COTE-PALUCK
, et
Jean-Paul SAINT FLEUR
févr. 13, 2024
∙ abonné payant
7

Share this post

HAÏTI MAGAZINE par DÈYÈ MÒN ENFO
HAÏTI MAGAZINE par DÈYÈ MÒN ENFO
#36 - Jacmel : un carnaval sur fond de grogne populaire
Copier le lien
Facebook
Email
Notes
Plus
1
Partager
Photo : Andoo Lafond/Dèyè Mòn Enfo

Le célèbre carnaval de Jacmel s’est déroulé cette semaine dans toute sa splendeur, marquée par les manifestations contre le gouvernement.

Tout ça et bien plus dans l’édition #36 d’HAÏTI MAGAZINE par DÈYÈ MÒN ENFO, collectif de journalistes et de professionnel·les des médias basé·es en Haïti.

HAÏTI MAGAZINE par DÈYÈ MÒN ENFO fonctionne grâce à vos appuis. Si vous le pouvez, contribuez au journalisme indépendant en Haïti.

Mot de la rédaction : Entre barricades et carnaval, la semaine a été agitée en Haïti. Un merci. particulier au Fonds québécois en journalisme international (FQJI) qui a rendu possible certains de nos derniers reportages dans le pays. Bonne lecture!

Etienne Côté-Paluck

Sommaire #36

  1. Danses, masques et revendications : le carnaval de Jacmel se réinvente

  2. Vidéoclip de la semaine : Game Pwòp par Tikawo Trafik

  3. Canal de Ouanaminthe, envers et contre tout

  4. Nouveau territoire « perdu » à Carrefour?

  5. Cité-Soleil et La Saline : au cœur de la tourmente, des habitants cherchent refuge

  6. Revues de presse de la semaine

Danses, masques et revendications : le carnaval de Jacmel se réinvente

Photo : Andoo Lafond/Dèyè Mòn Enfo

Respectant la tradition, le carnaval de Jacmel a animé les rues de la ville dimanche dernier, avec ses masques en papier mâché et ses groupes de danseurs. Les artisans de la métropole du Sud-Est, qui préparent leurs créations plusieurs mois à l'avance, ont investi les rues. Quelques heures plus tard, ils ont été remplacés par des fanfares et le char du groupe Hotmen, avant que les rues ne soient de nouveau bloquées pendant la nuit par des protestataires.

Photo : Andoo Lafond/Dèyè Mòn Enfo

Les artistes ont ainsi célébré, permettant à la foule, principalement composée de résidents de la ville, de s'évader de la réalité du pays, l'espace de quelques heures, tout en moquant les figures d'autorité.

Le défilé du carnaval de Jacmel 2024, le 4 février dernier. Photos : Andoo Lafond/Dèyè Mòn Enfo

En fin d'après-midi, rivalisant pour créer la meilleure ambiance, les fanfares de chaque quartier ont également paradé le long de la rue principale et des rues adjacentes. Des groupes tels que Bagèt Majik (village Baguette), Fresh Style Band (carrefour Pengwen), Fresh Up (rue Pétion), Bèl Plezi (rue Isaac Prado), SOFAR Band (quartier Nan Rakèt), et Relax Band (bas de la ville) ont, entre autres, défilé.

Une fanfare a aussi transformé son passage en une véritable manifestation, scandant « Nous ne sommes pas dans l’ambiance du carnaval [Nou pa nan kanaval] », accompagnée d'une foule brandissant des branches de feuilles, symbole traditionnel de mécontentement en Haïti. Ce geste chargé de signification a su rallier le public. Les fanfares band-à-pieds jouent souvent en effet un rôle central dans l'animation des manifestations en Haïti.

Le carnaval officiel de Jacmel a eu lieu le 4 février, tandis que dans le reste du pays, le carnaval se déroule une semaine plus tard, les trois jours gras (11 au 13 février). Les artisans du carnaval de Jacmel profitent généralement de l’occasion pour occuper à nouveau les rues. Cette année, la date symbolique du 7 février, marquant l'investiture des nouveaux présidents et la fin prévue du pouvoir du premier ministre de facto Ariel Henry, a été soulignée par une semaine de manifestations et de nombreux blocages routiers à Jacmel comme dans le reste du pays. Les manifestants reprochent au gouvernement son incapacité ou sa réticence, selon certains, à résoudre le problème des groupes criminels armés dans la capitale et dans l’Artibonite, problème ayant entraîné une détérioration dramatique de l'économie du pays et beaucoup de malnutrition.

« Regarde où on est rendu. On a oublié qui nous sommes. Il n’y a plus rien à détruire, les hommes armés ont tout ravagé, tous nos espoirs se sont envolés. »

Extrait de la chanson Katastròf planifye (Kanaval 2024), Hotmen

Le char allégorique du groupe de rap local Hotmen a clôturé les festivités à Jacmel ces deux derniers dimanches, une fois la nuit tombée. Leur chanson Katastròf planifye, composée spécialement pour le carnaval de 2024, critique vivement, sur un rythme entraînant, la situation actuelle du pays et ses dirigeants.

Un membre du défilé avant d’enfiler son masque. Photo : Andoo Lafond/Dèyè Mòn Enfo

Avant même la fin des activités de carnaval, durant la nuit, certaines routes ont commencé à être bloquées aux abords de la ville. De lundi à jeudi de la semaine passée, Jacmel a été paralysée par des manifestations et des barricades, comme une bonne partie du pays.

« Le Premier ministre Ariel Henry a passé le cap du 7 février, on ignore le prochain chapitre de sa gouvernance. On ignore aussi l’agenda de la branche de l’opposition qui se donnait pour tâche de renverser Ariel Henry. Avec une opposition qui n’a pas les moyens de sa politique et un gouvernement qui ne dirige pas pour les Haïtiens, le pays est pris entre deux feux. »

Extrait de L'appétit de reproduire les mêmes erreurs
Éditorial du Nouvelliste par Jean Pharès Jérôme (9 février 2024)

À Port-au-Prince, lors du premier jour officiel du carnaval, dimanche dernier, quelques DJ et fêtards ont investi les rues du Champs-de-Mars en après-midi, provoquant la stupeur d'une partie du pays. Cette grande place publique, cœur de la capitale, jouxte des quartiers aujourd’hui laissés aux mains de groupes criminels armés.

Une petite foule a aussi tenté de célébrer dans les rues autour du Champs-de-Mars hier, mais une fusillade a mise abruptement fin aux activités en fin d’après-midi. Nos premières informations suggèrent que le groupe armé de Bel-Air, retranché à proximité, en serait à l'origine.

Jacmel, pour garder la tradition du carnaval vivante . Le Nouvelliste

Violences armées lors du carnaval à Port-au-Prince : des blessés parmi les carnavaliers - METROPOLE

AlterPresse | Crise : Des festivités carnavalesques sur fond de violences des gangs et de misère en Haïti

Vidéoclip de la semaine

Game Pwòp par Tikawo Trafik

Tikawo Trafik, le chanteur et rappeur au cœur sensible, marque son retour avec Game Pwòp [jeu propre], sur lequel il évoque le souvenir de proches disparus. Il souligne l'importance de rester fidèle à ses principes, allant jusqu’à affirmer que sa droiture lui vaut la bénédiction divine : « Le Bon Dieu me bénit toujours, parce que j’ai le cœur propre ».

Célèbre pour son succès Madan Paul en 2020, Tikawo rend entre autres hommage à ASAP Jexus, un jeune rappeur tragiquement fauché sur le chemin du retour d'un concert au début de novembre dernier, vraisemblablement victime d'un groupe armé.

Canal de Ouanaminthe, envers et contre tout

Le gabionnage se poursuivait samedi dernier à l’embouchure du canal. Photo : Jean Elie Fortiné/Dèyè Mòn Enfo

La construction du canal de Ouanaminthe a connu un ralentissement ces derniers jours, en attente de réparer l'unique pelle excavatrice du projet. Cette réparation a été retardée par le blocage des routes, empêchant l'arrivée du technicien spécialisé de Port-au-Prince.

L’embouchure du canal samedi. Photo : Jean Elie Fortiné/Dèyè Mòn Enfo

Samedi dernier, en milieu de matinée, un avion de l'armée dominicaine a effectué plusieurs survols du chantier, franchissant à quelques reprises le territoire haïtien. Un hélicoptère a également survolé la zone avant de descendre au niveau de la rivière et de se maintenir brièvement au-dessus de la rive. Aucune communication officielle n'a été établie par les autorités des deux pays concernant cette opération aérienne.

Une grande partie du pays a été bloquée la semaine dernière, comme ici au Cap-Haïtien, en raison de la grogne contre le gouvernement. Photo : Étienne Côté-Paluck/Dèyè Mòn Enfo

Malgré les manifestations qui ont atteint leur paroxysme mercredi dernier, le travail de gabionnage, essentiel pour prévenir l'érosion des berges, s'est poursuivi à chaque jour. Cette technique consiste à remplir manuellement des cages métalliques de pierres et à les empiler les unes sur les autres.

Une équipe de DÈYÈ MÒN ENFO s'est rendue sur place cette semaine pour documenter l'avancement des travaux et préparer un reportage, qui sera publié prochainement.

Haïti - Insécurité : L’armée dominicaine a installé à la frontière, des postes fortifiés de mitrailleuses - HaitiLibre.com

Ouanaminthe: attaque armée contre le commissariat, un mort . Le Nouvelliste

Cinq agents de la BSAP tués, trois autres arrêtés par la police | Loop Haiti

Nouveau territoire « perdu » à Carrefour?

Le sous-commissariat de Rivière-Froide, situé dans la commune de Carrefour, est depuis hier sous l'emprise d'un groupe criminel armé provenant du quartier adjacent, Bwadòm. La situation sécuritaire dans les autres zones de Carrefour s'est donc détériorée, la ville étant désormais encerclée par des groupes armés, entre autres à l’est à Martissant et à Fontamara.

« Tels des boas constricteurs, les groupes criminels continuent de resserrer leur étau sur la ville. Et cette strangulation à la fois économique et sociale a un impact désastreux sur le panier de la ménagère. La ville assiégée est menacée de graves pénuries. »

Extrait de Incertitudes...
Éditorial du National par Roody Edmé (5 février 2024)

Par ailleurs, les tentatives de prise de contrôle de Mariani, située dans la partie ouest de Carrefour, se poursuivent. Certains bus ont réussi à franchir la zone dimanche, malgré le climat de tension. Depuis le début de l'année, la route vers le sud du pays est complètement bloquée par ces affrontements.

En réponse aux derniers événements, des brigades dans les quartiers centraux de Carrefour se sont mobilisées hier pour entre autres ériger des barricades (Monrepo 38, 40, Wane 89, 91, etc) dans l’espoir de mieux contrôler les entrées et sorties des zones encore libres de la ville.

Message du premier ministre il y a deux ans, le 11 février 2022 (source).

Attaque de bandits contre des quartiers de Carrefour, des morts et des déplacés enregistrés . Le Nouvelliste

AlterPresse | Ayiti-Klima laterè : Yon pakèt fanmi kontinye ap kouri kite kay yo nan komin Kafou, akoz gang ak zam yo

Cité-Soleil et La Saline : au cœur de la tourmente, des habitants cherchent refuge

Des habitants de Cité-Soleil se sont réfugiés près de l’aéroport international de Port-au-Prince hier en raison du nouveau conflit. Photo : Siffroy Clarens

Les tensions entre les groupes armés surnommés G-9 et G-Pèp ont persisté ces derniers jours dans le bas de Port-au-Prince, au nord du centre-ville. Tôt hier et durant une bonne partie de la journée, de nombreuses fusillades se sont succédées dans la ville de Cité-Soleil. Selon les premières informations, une faction du quartier Brooklyn (G-Pèp) et leurs nouveaux alliés de la zone de Croix-des-Missions (commune de Tabarre, Chen Mechan), auraient tenté de s'emparer de territoires dans la Plaine de Cité-Soleil contrôlés par des groupes liés à G-9. Moins de tirs ce matin, mais la situation demeure fragile.

Pour éviter les conflits, des résidents de Cité-Soleil se sont réfugiés à l’extérieur de la commune hier. Photo : Siffroy Clarens

Vendredi dernier, un nouvel affrontement a aussi éclaté à La Saline, face au port de Port-au-Prince. Selon ce qu’on en comprend, le groupe basé près du quai Wharf Jérémie (G-9) aurait lancé une offensive pour reprendre une partie du quartier La Saline, récemment perdue aux mains de rivaux. Ces affrontements confirment ainsi le début d’une nouvelle période de conflits ouverts depuis deux semaines, après sept mois d’accalmie.

Haïti - Insécurité : 2,686 autres personnes ont fuit la violence des gangs - HaitiLibre.com

Plizyè Santèn Ayisyen Kouri Kite Kay yo Akoz Lese Frape Gang yo - VOA

L’équipe DÈYÈ MÒN ENFO

Photo-journalistes : Francillon Laguerre, Sonson Thelusma, Andoo Lafond, Milot Andris, Patrick Payin
Comité éditorial : Etienne Côté-Paluck, Jean Elie Fortiné, Jean-Paul Saint-Fleur
Stagiaires : Wilky Andris, Donley Jean Simon
Collaboration spéciale : Stéphanie Tourillon-Gingras, Mateo Fortin Lubin, Siffroy Clarens, Guitho Saül
Partenaires médiatiques : Centre à la Une, J-COM, Nord-Est Info
Partenaire institutionnel : Kay Fanm, Mouka.ht

À quoi sert votre contribution ?

Votre appui mensuel permet de financer la production et de rétribuer les collaborateurs de DÈYÈ MÒN ENFO dans les communes de Cité-Soleil, de Port-au-Prince et de Cayes-Jacmel. De plus, des dons sont régulièrement distribués pour frais médicaux, frais scolaires et autres urgences auprès de ces communautés.

Revues de presse de la semaine

Continuez votre lecture avec un essai gratuit de 7 jours

Abonnez-vous à HAÏTI MAGAZINE par DÈYÈ MÒN ENFO pour continuer à lire ce post et obtenir 7 jours d'accès gratuit aux archives complètes des posts.

Already a paid subscriber? Se connecter
© 2025 Dèyè Mòn Enfo
Confidentialité ∙ Conditions ∙ Avis de collecte
ÉcrireObtenir l’app
Substack est le foyer de la grande culture

Partager

Copier le lien
Facebook
Email
Notes
Plus