#42 - Nettoyage des rues autour du Champ-de-Mars
Un peu de vie autour du Champ-de-Mars, le quartier Brooklyn désenclavé à Cité-Soleil, Nanm et Pawol Tanbou en concert à Port-au-Prince et la famille Benjamin souligne l'anniversaire de Mikaben
Depuis un mois, des opérations de nettoyage ont été menées dans certaines rues autour du Champ-de-Mars. Ces initiatives restent cependant limitées et la sécurité dans ces zones demeure précaire. Tout ça et bien plus dans l’édition #42 de HAÏTI MAGAZINE par DÈYÈ MÒN ENFO, collectif de journalistes et de professionnel·les des médias basé·es en Haïti.
Sommaire
Un peu de vie autour du Champ-de-Mars
Cité-Soleil : le quartier Brooklyn désenclavé ?
Vidéoclip de la semaine : Lè sa pat bon an (Noula nap gouye anba yo) par Abulah Tèt Bobis ft Naysan
Rendez-vous vodou à Port-au-Prince
La famille de Mikaben lance un programme pour la paix
Un peu de vie autour du Champ-de-Mars
Des équipes de nettoyage ont commencé ces dernières semaines à travailler sur certaines parties des rues John-Brown, Oswald-Durand, Magloire-Ambroise et Monseigneur-Guilloux, situées au nord et au sud du Champ-de-Mars. Ces zones avaient été abandonnées par les services publics après les attaques sur le Champ-de-Mars ce printemps, laissant des amoncellements de détritus et de nombreuses mauvaises herbes envahir la chaussée.
Une équipe dirigée « à titre privé » par Magalie Habitant, ancienne responsable du Service métropolitain de la collecte des résidus solides (SMCRS), a entre autres nettoyé les rues autour de l'Hôpital Général au début de juillet, avec l’aide de balais, pelles, une pelleteuse et quelques camions-bennes.
« Merci Jésus, la vie reprend », a crié Jonel, les bras levés, en passant devant l'hôpital le 10 juillet alors que les équipes terminaient de déblayer.
Les équipes se sont ensuite déplacées vers le carrefour Monsieur-Colo, face au grand stade de la ville, et ont nettoyé jusqu'à l'entrée de la station de bus Portail Léogane, toujours à l'abandon.
« Attention, ne parlez pas trop fort, il y a encore des hommes armés dans la zone », nous a expliqué une marchande d'eau traitée devant l'entrée du stade. Un collègue journaliste, croisé sur place à la mi-juillet, aurait même vu certains de ces hommes à l'intérieur du périmètre du stade.
Notre visite en ville a également révélé l'ampleur des destructions à la suite des récents conflits entre les groupes criminels armés et la police haïtienne, soutenue par l'armée. Au moins une douzaine de bâtiments ont été détruits par les autorités haïtiennes dans ces combats, bien que le nombre total soit probablement beaucoup plus élevé. Il semble que les policiers soupçonnaient que ces bâtiments étaient utilisés par les assaillants pour se cacher.
Toutes les rues du centre-ville, à l'ouest, restent abandonnées. Entre le Champ-de-Mars et la mer, elles ne sont toujours pas sous le contrôle de la police. Un corridor sur la rue des Casernes est utilisé par les véhicules blindés pour accéder à la Banque de la République d'Haïti et à l'Autorité portuaire nationale, les deux seules institutions étatiques encore en fonction sur place, gardées par des hommes lourdement armés.
Près d’une dizaine de véhicules blindés de la nouvelle mission internationale dirigée par le Kenya a effectué une première patrouille au centre-ville, sur la rue des Casernes, le 17 juillet, au lendemain de l’arrivée de 200 nouveaux policiers kenyans. Au total, 400 policiers kenyans sont désormais présents en Haïti, et 600 autres sont attendus dans les prochains mois.
(Port-au-Prince) Les écoles, les commerces et la circulation reprennent tranquillement à Port-au-Prince après un printemps marqué par les violences de groupes criminels armés. L’arrivée de 200 policiers kényans à la fin de juin, et de 200 autres la semaine dernière, suscite de minces espoirs d’un retour de la sécurité.
La réouverture de l’hôpital général se fait attendre, l’APN fonctionne difficilement - Le Nouvelliste
Rencontre autour du programme de nettoyage et de curage de la région métropolitaine de Port-au-Prince - Le National
Cité-Soleil : le quartier Brooklyn désenclavé ?
Le quartier de Brooklyn, le plus important de la municipalité de Cité-Soleil, est désormais désenclavé. Après des années de conflit entre le groupe de Gabriel Jean Pierre à Brooklyn et le collectif G9 aux alentours, une entente de paix définitive aurait été établie, selon Jimmy “Barbecue” Cherizier. Ce dernier s’est rendu sur place mercredi et jeudi avec des hommes armés et une équipe de soutien pour commencer à retirer les débris.
La coalition du G9 et celle qui gravite autour de Gabriel Jean-Pierre étaient déjà en conflit lors du massacre de La Saline à Port-au-Prince en novembre 2018, qui a été suivi quelques mois plus tard de la prise de contrôle du quartier par un groupe membre du G9. Ce conflit a poussé de nombreux groupes opposés au G9 à se replier à Brooklyn, qui était le dernier grand bastion de résistance contre le G9.
Comme l’a rappelé Jimmy Cherizier jeudi matin, Gabriel Jean-Pierre n’est d’ailleurs toujours pas membre de la grande coalition Viv Ansanm mise en place par le G9 et responsable des attaques de mars et avril. Devant quelques journalistes, il a tout de même déclaré la fin des hostilités en plein milieu du carrefour Brooklyn, devant l’ancien commissariat de Cité-Soleil, aujourd’hui à l’abandon. Le carrefour Brooklyn, à l’entrée du quartier du même nom, était l’un des points centraux du conflit.
« Je salue Gabriel, Mathias, Benji, pour leur courage aujourd’hui, eux qui ont choisi la route de la paix pour permettre à Cité-Soleil de revivre », a-t-il déclaré.
L’année dernière, les groupes armés avaient trouvé un certain terrain d’entente, mettant fin à la majorité des rivalités. Cependant, les groupes se méfiaient toujours les uns des autres. Depuis quelques années, une seule petite route longeant la mer permettait aux habitants de Brooklyn de sortir en sécurité de leur quartier.
Mercredi et jeudi, plusieurs groupes d’hommes armés ont été aperçus sur place. Certains bus et mototaxis ont repris leur place dans le carrefour hier. Cette entente de paix passera-t-elle l’épreuve du temps ? À suivre!
Cité Soleil: Des chefs de gangs font la paix, une foule en liesse dans les rues - Le Nouvelliste
Vidéoclip de la semaine
Lè sa pat bon an (Noula nap gouye anba yo) - Abulah Tèt Bobis ft Naysan
Les rythmes drill syncopés, combinés à un refrain et une mélodie rappelant les chants traditionnels haïtiens, caractérisent les collaborations d’Abulah Tèt Bobis et de Naysan. Après l’excellent Sam fè yo, l’un des plus gros succès du printemps, le duo récidive avec Lè sa pat bon an [Quand ça n’allait pas]. La chanson critique ceux qui n’étaient pas présents dans les moments difficiles mais cherchent à revenir quand tout va bien.
« On était deux pour planter, mais au moment de la récolte tout le monde s’excite », répète entre autres le refrain.
Rendez-vous vodou à Port-au-Prince
Les groupes aux influences traditionnelles vodou NanmVodoua et Pawol Tanbou ont réchauffé les cœurs dans une performance collaborative unique la semaine dernière lors d’un concert spécial à l’Institut français de Port-au-Prince. Vidéo : Yvens Rumbold
La famille de Mikaben lance un programme pour la paix
Le mois dernier, la famille immédiate du feu chanteur Mikaben, comprenant sa mère Roseline Benjamin, psychologue et psychothérapeute, ainsi que son père, la légende vivante de la musique Lionel Benjamin, a présenté un programme visant à favoriser la paix parmi la jeunesse haïtienne. La fondation Ti Souf prévoit de former 40 jeunes issus de quartiers populaires « au leadership et à l'esprit d'entreprise, à développer leur indépendance matérielle, à gagner leur vie avec dignité et à respecter les valeurs essentielles pour réussir dans la vie ».
L’annonce a eu lieu le 27 juin, jour de l’anniversaire de naissance de Mikaben, de son vrai nom Michael Benjamin. Le célèbre artiste est décédé à 41 ans d’une crise cardiaque alors qu’il chantait devant des milliers de spectateurs en octobre 2022 sur la scène du palais omnisports de Paris-Bercy en France.
Clin d’oeil : examens officiels dans les écoles du pays
Retardés par la crise, les examens nationaux ont enfin lieu à travers tout le pays pour la fin des cycles scolaires primaire et secondaire. Cette vidéo de nos collaborateurs de JCOM dans la Grand’Anse présente le déroulement des examens dans la région de Jérémie.
L’équipe DÈYÈ MÒN ENFO
Photo-journalistes : Francillon Laguerre, Sonson Thelusma, Andoo Lafond, Milot Andris, Patrick Payin
Comité éditorial : Etienne Côté-Paluck, Jean Elie Fortiné, Jean-Paul Saint-Fleur
Stagiaires : Wilky Andris, Donley Jean Simon
Collaboration spéciale : Yvens Rumbold, Josué Visual, Stéphanie Tourillon-Gingras, Mateo Fortin Lubin
Partenaires médiatiques : Centre à la Une, J-COM, Nord-Est Info
Partenaire institutionnel : Kay Fanm, Mouka.ht
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Revues de presse de la semaine
Revue de presse - Culture et patrimoine
Nanm a fait le show à l'Institut français - Le Nouvelliste
Rutshelle Guillaume reçoit le Prix Nuits d’Afrique pour la francophonie - Le Nouvelliste
«Vagabondages éphémères», le tout premier roman du journaliste haïtien Philomé Robert - Le National
Oxygen, le troisième album d'Oswald - Le Nouvelliste
Décolonisation, spiritualité… MDO 333 explore des sujets délicats dans son premier album - Le Nouvelliste
Les pièces de Mélissa Béralus, Erickson Jeudy et Phanuella Lincifort pré sélectionnées du prix RFI théâtre 2024 - Le National
SamPriviose, une voix émergente dans le paysage musical haïtien - Le Nouvelliste
Les autorités bahamiennes lancent des recherches pour trouver MechansT - Loop Haiti
La famille du rappeur MechansT perd contact avec lui, appelle à l'aide - Loop Haiti
Les groupes musicaux Ram et Boukman Eksperyans à la 18e édition du festival Haïti en folie - Le National
Revue de presse - Genre et droit des femmes
présentée par KAY FANM
Kay Fanm : « Non à la velléité de dénaturer le ministère à la Condition féminine » - Rezo Nòdwès
Haïti : l’instabilité alimente la recrudescence des violences sexuelles - Le National
Les défis majeurs des femmes haïtiennes face au cancer du sein - AyiboPost
Viol et assassinat d'une adolescente de 13 ans: le gouvernement réagit - Loop Haiti
Fuyant l’insécurité à P-au-P, des enfants abusés dans le sud - AyiboPost
10 mai : les femmes de Gressier racontent une soirée sombre - AyiboPost
Une clinique mobile pour les femmes incarcérées à la prison de Delmas - Loop Haiti
« Personne n'est épargné » : la violence sexuelle utilisée comme une arme dans la crise humanitaire en Haïti - Le National
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